Les essais des stagiaires 2021-2022 de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant

Chaque année, les stages parlementaires de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant offrent un regard privilégié sur les institutions parlementaires à cinq étudiantes et étudiants du Québec. Un des volets les plus importants de ce stage est la rédaction d’un essai sur une thématique liée l’Assemblée nationale ou à la démocratie québécoise, au choix des stagiaires.

François Gagnon
Service de la recherche

De gauche à droite : Julianne Toupin, Jérémy Dufour-Dinelle, Véronique Boucher-Lafleur, Gabrielle Jolicoeur et Victoria Thân

À l’image de leurs parcours antérieurs et de leurs personnalités, les cinq stagiaires de la cohorte 2021-2022 ont abordé des sujets variés avec des approches tout aussi diversifiées. Pour les soutenir, ils ont pu compter sur le personnel de la Bibliothèque, notamment des services de la référence et de la recherche. Ces cinq essais ont été déposés à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale et sont disponibles sur le site Web de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant.

Dans son essai Carrière, engagement et socialisation politiques de nos élus : une étude des parlementaires de l’Assemblée nationale du Québec, Véronique Boucher-Lafleur a approfondi un thème de recherche sur lequel elle avait déjà travaillé pendant son parcours universitaire : les raisons qui poussent une personne à s’engager en politique. En plus d’une revue de littérature solide, son travail se base sur un corpus original, soit les entrevues réalisées dans le cadre de l’émission Mémoires de députés. Elle en tire des constats révélateurs, propose de nombreux exemples évocateurs et soulève d’intéressantes pistes pour des recherches futures, notamment en ajoutant la variable du genre.

Le titre qu’a choisi Jérémy Dufour-Dinelle, Le Parlement invisible : les rôles des directeurs de cabinet de l’Assemblée nationale, montre sa fascination pour des acteurs de l’ombre qui n’ont fait l’objet que de peu d’ouvrages. S’appuyant sur quinze témoignages fascinants, cet essai tente de définir la fonction, les rôles et les responsabilités de ceux qu’on surnomme « dircabs ». Malgré les différences entre les titulaires de fonctions et leurs directeurs de cabinet, la confiance reste l’élément clé de leur relation et le principal vecteur d’influence de ces proches collaborateurs.

En s’intéressant à la santé publique, Gabrielle Jolicoeur a certainement choisi un sujet qui a attiré l’attention au cours des derniers mois. Elle a cependant adopté un point de vue plus vaste et critique qu’un strict regard sur l’actualité. Dans Prévenir avant de guérir : perceptions et réflexions des élus de l’Assemblée nationale du Québec sur la santé publique québécoise, elle compare les consensus de la littérature, notamment sur le financement de la santé publique, et les perceptions des personnes élues qui en sont responsables. Les entretiens qu’elle a menés laissent toutefois entrevoir un certain décalage entre la recherche dans ce domaine et les perceptions des parlementaires, qu’elle réussit à mettre en contexte et pour lequel elle propose plusieurs explications.

Pour répondre à sa question de recherche, Victoria Thân a sollicité une grande variété d’interlocuteurs : elle a mené des entretiens avec des parlementaires, avec un organisme représentant les psychologues et avec un patient-partenaire, une approche innovante peu fréquentée dans le programme de stages. Son essai L’épidémie silencieuse : la santé mentale des Québécois et l’enjeu de l’accès à la psychothérapie révèle une variété de points de vue pour tenter d’expliquer l’accès limité à la psychothérapie au Québec. L’autrice établit plusieurs pistes d’amélioration en présentant aussi leurs limites de façon lucide.

Finalement, en travaillant sur Les privilèges parlementaires sous l’Union (1841-1856), Julianne Toupin a constaté que ce sujet n’avait été traité que sommairement dans la littérature historique. Elle s’est alors livrée à une minutieuse analyse lexicographique des travaux parlementaires à travers les Journaux de l’Assemblée législative et les débats reconstitués. Cette recherche lui a permis d’établir un pont entre les pratiques parlementaires du Bas-Canada et celles de l’Assemblée nationale actuelle, en explorant en détail le rapport qu’entretenaient les parlementaires de l’époque avec la notion de privilège.

Les cinq stagiaires de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant pour l’année 2022-2023 ont déjà fait leur entrée à l’Assemblée nationale. Pour les découvrir, rendez-vous sur le site de la Fondation et suivez leurs activités à travers les réseaux sociaux.