Un cadeau d’une grande valeur : l’horloge d’Honoré Mercier

Alain Gariépy
Service des archives et de la numérisation

Le 15 octobre 1890, le premier ministre du Québec, Honoré Mercier, célèbre son cinquantième anniversaire de naissance. Le journal L’Électeur décrit la fête que ses amis lui préparent :

« Nous apprenons que les amis personnels du premier ministre à Montréal se préparent à commémorer cette date par une démonstration digne de celui qui en sera l’objet. Ils lui présenteront ce soir un cadeau évalué à plus de $6,000, consistant en une superbe paire de chevaux avec équipage. Une démonstration analogue attend l’honorable M. Mercier à son retour à Québec samedi. Quelques-uns de ses amis dans la capitale célébreront à leur tour ses cinquante ans ».

Toutefois, les journaux qui publient des comptes rendus de la fête ne font pas mention d’une luxueuse horloge de tablette qui avait été commandée pour l’occasion au marchand montréalais Rice Sharpley & Sons.

Avec son boitier en chêne surmonté de cinq tourelles en laiton et son solide mouvement anglais en laiton à trois ressorts muni d’une sonnerie Westminster, c’est pourtant une horloge d’exception, un objet d’une grande valeur. Une partie de son histoire est inscrite sur une petite plaque de laiton fixée sur l’horloge :

« To / Honourable Honore Mercier / Prime Minister of the Province of Quebec / on his Fiftieth Birthday / 15th October 1890 ».

Tombée dans l’oubli pendant plus d’un siècle, cette horloge fut acquise chez un antiquaire de Toronto en 2015 par le collectionneur québécois Marc-Alain Tremblay, qui l’a généreusement offerte en don à l’Assemblée nationale du Québec. Une fois acquise, elle reçut une belle cure de jouvence. Son boitier fut minutieusement nettoyé par le restaurateur Benoit Montreuil, et son mécanisme restauré par André Viger, l’horloger responsable de l’entretien des horloges du parlement.

Cependant, plusieurs questions demeurent sans réponse.

Pourquoi ce présent offert au premier ministre Mercier ne figure-t-il pas dans les listes publiées dans les journaux qui ont couvert l’événement? Pourquoi l’objet n’est-il pas répertorié dans les inventaires de faillite de Mercier en 1892? Qu’est-il arrivé à cette horloge majestueuse et riche d’histoire pendant toutes ces années?

Nos recherches n’ont pas encore permis de répondre à ces questions. Cette horloge exceptionnelle s’ajoute à d’autres objets de mémoire des collections de l’Assemblée nationale qui méritent d’être mis en valeur.


  1. Cet article a déjà fait l’objet d’une publication dans la revue Le temps de parole, vol. 21, no 1, janvier 2020, p. 26.