Chapitre 2 – Comprendre et prévoir le risque climatique

La 27e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP27), qui s’achevait le 20 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte, a réuni des chefs d’État du monde entier pour discuter des moyens de faire face à la crise climatique. Les connaissances scientifiques sur le climat terrestre, sur l’effet de l’action humaine dans son évolution et, à l’inverse, sur les conséquences des perturbations climatiques sur nos sociétés, s’affinent constamment. Devant la masse imposante d’information disponible et le flot incessant de nouvelles publications, responsables politiques, citoyennes et citoyens s’y perdent facilement. La Bibliothèque de l’Assemblée nationale propose une série de notes synthétiques expliquant les principaux aspects de ce qui constitue l’un des principaux défis planétaires du XXIe siècle.

Après un premier chapitre explorant le climat et ses perturbations[1], nous tâcherons dans ce deuxième chapitre de la série, offert en deux volets, de comprendre le risque que posent les changements climatiques. Nous aborderons d’abord les répercussions potentielles des changements climatiques sur différentes sphères de l’activité humaine. Nous examinerons comment les changements climatiques constituent un risque planétaire. Dans un second temps, nous aborderons les négociations à l’échelle internationale pour tenter de mitiger le phénomène en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) et situerons la place du Québec dans ce processus[2].

Le texte présenté ici expose les grandes lignes de cette note de recherche que nous vous invitons à lire dans sa version complète et intégrale sur le site de la Bibliothèque.

Xavier Mercier Méthé
Service de la recherche

Sous l’effet des émissions de GES d’origine humaine, le climat terrestre se transforme. En 2022, la température terrestre moyenne est déjà d’environ 1,15° Celsius plus élevé que la moyenne de l’ère préindustrielle. Cette tendance à la hausse se poursuivra au cours des prochaines décennies en fonction de la trajectoire d’émission de GES de l’humanité. Les connaissances scientifiques s’affinent, cette transformation du climat aura des conséquences sur les écosystèmes et les sociétés humaines. Les tendances à la hausse des températures, la transformation du cycle de l’eau ou encore la multiplication des événements climatiques extrêmes représentent des risques importants pour l’humanité.

Le danger représenté par les bouleversements du climat dépend de plusieurs facteurs. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le risque dépend de l’interaction entre l’aléa, qui désigne un phénomène climatique qui constitue un possible danger, l’exposition de personnes, d’infrastructures ou d’écosystème à cet aléa et leur vulnérabilité. En somme, le même événement climatique n’aura pas les mêmes répercussions partout. Dans certains cas, il peut excéder la capacité des personnes et des écosystèmes à y faire face et à s’adapter.

Pratiquement toutes les dimensions de l’activité humaine sont affectées par l’environnement dans lequel elles s’inscrivent. La rapidité et l’ampleur du phénomène actuel sont inédites. L’état des connaissances actuelles amène à anticiper des modifications draconiennes dans la répartition des phénomènes climatiques, leur fréquence et leur intensité. Ainsi, certains sont appelés à devenir plus réguliers, voire habituels au cours du prochain siècle.

Les changements climatiques menacent les moyens de subsistance de plusieurs populations. La multiplication des événements météorologiques extrêmes entraîne des pertes dans les cultures vivrières. Les tendances au réchauffement des températures moyennes et la modification au régime de précipitations exercent aussi un effet négatif sur le rendement des cultures dans certaines régions du monde. Le climat changeant affecte également certains écosystèmes essentiels à l’alimentation humaine, notamment pour la pêche. À cet égard, l’alimentation traditionnelle des Autochtones est compromise par la transformation des écosystèmes.

Outre les moyens de subsistance, les aléas climatiques présentent un danger immédiat pour les populations. Les phénomènes climatiques extrêmes comme les tempêtes ou les inondations se traduisent par des pertes de vies et causent aussi de lourds dommages aux habitations et aux infrastructures. Les catastrophes naturelles obligent des populations entières à quitter temporairement ou de manière permanente leur communauté lorsqu’elle devient trop exposée. Et ce phénomène n’épargne pas l’Amérique du Nord. Les incendies de forêt et les inondations représentent des aléas du climat, dont la fréquence et la sévérité augmenteront dans le contexte des changements climatiques.  

Le risque que font peser les changements climatiques sur la santé des populations est multiple et dépasse les événements climatiques extrêmes. The Lancet qualifie la crise climatique actuelle de pire menace à la santé qui plane sur l’humanité. La tendance à la hausse des températures et les vagues de chaleur extrême exposent plus de populations à a des risques pour la santé, particulièrement chez les groupes vulnérables comme les personnes âgées et les enfants. De plus, la transformation du climat change la répartition des maladies transmises par des vecteurs, des insectes par exemple. Ainsi, au Québec, la maladie de Lyme et le virus du Nil occidental constituent des sujets de préoccupation en raison de l’expansion de l’aire de distribution des vecteurs qui les transmettent aux humains. Par ailleurs, en tant que phénomène global, les conséquences des changements climatiques se traduiront sur l’économie planétaire. Ils entraîneront des pertes de revenus pour les particuliers, les entreprises et des dépenses additionnelles des États. Les coûts découlant de dommages aux infrastructures et les sommes requises pour la mise en place de mesures d’adaptation pèseront sur les perspectives de l’économie mondiale. 

Les changements climatiques entraînent donc des conséquences à la fois locales et sur l’ensemble de la planète. La hausse des températures moyennes influe sur certains systèmes naturels qui jouent un rôle dans la régulation du climat terrestre. C’est le cas notamment des courants océaniques, des glaciers et calottes polaires ou des grandes forêts tropicales et boréales. La modification de cet équilibre est à même de se répercuter en cascade sur le climat terrestre au cours des prochains siècles. L’ampleur de ces bouleversements est liée à la trajectoire d’émission de GES de l’humanité. Le risque de perturbations dangereuses du climat terrestre augmente au fur et à mesure que la température moyenne de la Terre s’élève au-dessus de celle de l’ère préindustrielle. L’Accord de Paris, intervenu en 2015, vise à limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale bien au-dessous de 2 °C et, si possible, à 1,5 °C. Des efforts internationaux inédits sont nécessaires pour arriver à cet objectif. Ils seront explorés dans le second volet de ce chapitre sur le risque climatique.


  1. Le premier chapitre de cette série sur les changements climatiques, publié en cinq parties dans Première lecture, est accessible dans son intégralité sur le site de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale[retour]
  2. Le deuxième volet de la question fera l’objet d’une publication ultérieure dans Première lecture[retour]